Accueillie en résidence par l'espace municipal Jean Vilar, cette compagnie arcueillaise de théâtre passerelle entre l'art et l'éducation populaire invite ses spectateurs à s'emparer des grands conflits et thématiques qui agitent notre corps social.
Un spectacle puis un débat puis une improvisation.Créée il y a presque 10 ans, la compagnie La Mécanique de l'instant, basée sur Arcueil depuis 2014, organise ses prestations scéniques en trois temps forts, selon certains préceptes du théâtre forum, ou théâtre participatif.
En préambule les comédiens jouent une pièce de théâtre. Les spectateurs assistent à une histoire et sont projetés dans une autre réalité, qui interroge des thèmes importants de la société. Avec une identification ou une opposition aux personnages joués. Suit un débat où les spectateurs et le Meneur de jeu discutent des situations présentées par la pièce. Ils émettent des hypothèses d'intervention sur ces problématiques. Puis les spectateurs qui le désirent viennent, un par un, sur l'espace de jeu. Le volontaire remplace un personnage. Les comédiens improvisent avec lui. Il teste l'hypothèse dont il est porteur pour le personnage qu'il remplace. Les comédiens jouent avec lui les conséquences possibles de cette proposition.
La parole qui se libère
Du théâtre jusqu'au débat sociétal et aux actions de prévention il n'y a qu'un pas, que les direct.eur.rice.s artistiques et comédie.n.ne.s Cindy Girard et Lyès Mussati franchissent avec un enthousiasme et un engagement inébranlable. « Certes on est un peu des ovnis. Et comme on joue souvent dans les cantines scolaires on n'est pas toujours considérés comme une compagnie de théâtre. Mais nous valorisons son rôle social et politique, comme le théâtre grec, miroir de la Cité ».
Citoyenneté, laïcité, harcèlement, sexualité, discriminations, relations filles/garçons, nutrition... Autant de thématiques mises en débat par les propositions de la Mécanique de l'instant, qui répond aux commandes de nombreuses institutions des domaines de la prévention, hygiène, sécurité, médical, justice, mais aussi des entreprises, intéressées par la dimension artistique et expressive de leur approche. Les publics visés vont des enfants jusqu'aux seniors.
Les rencontres se créent sur scène parfois comme des petits miracles. Comme ce jour-là quelque part dans un établissement scolaire, cité des Tarterets, à Corbeil-Essonne. «On jouait Les Caprices de Marianne de Musset. Au premier abord, l'équipe pédagogique était un peu paniquée par ce choix de pièce classique. Mais les jeunes ont très bien compris les enjeux, et ont eu un vrai appétit à s'approprier cette langue. C'était magique».
Cindy Girard et Lyès Mussati |
Quartiers en difficultés, attentats, crise sanitaire, gilets jaunes... Pour Lyès, « si l'art ne s'en préoccupe pas, on passe à côté de quelque chose ». Oui nous avons besoin de structures comme La Mécanique de l'instant pour le « monde d'après ».
Le confinement et la fermeture des lieux culturels ont stoppé l'agenda chargé de la compagnie. Mais il a fallu s'adapter. « On ne s'est pas sentis seuls », précisent avec optimisme Cindy et Lyès. «Beaucoup de commanditaires nous ont appelé pour des projets au printemps, on continue à se dire qu'on existe».
La compagnie a aussi organisé un atelier numérique de théâtre forum en visio conférence sur la crise sanitaire.
Et puis il y a cette semaine la captation du spectacle Antigone de Sophocle adapté par la Mécanique de l'instant pour en tirer avec les prochains spectateurs une réflexion sur les thèmes de la citoyenneté, la laïcité et la démocratie, thèmes qui résonnent jusqu'à nous et notre époque à des millénaires de là.
Accueillie ces jours-ci sur la scène de l'espace municipal Jean Vilar, confiné mais plus pour très longtemps, la Mécanique de l'instant n'a pas fini de faire parler d'elle et de vous faire parler !
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En savoir plus: https://www.mecaniquedelinstant.com/
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